Le jardin À l’Ère Libre
Des nouvelles
Au début de l’année 2021, l’association A l’Ère Libre nous sollicitait dans le cadre de l’appel à projet Graines de nature que le Fonds Éducations Plurielles a mené en partenariat avec Blue Bees et La Fabrique des Colibris. A l’époque, A l’Ère Libre était déjà installée comme école, collège, et lycée à Étampes, dans l’Essonne, depuis trois ans. Elle offre un environnement inspiré des pédagogies de Summerhill, Freinet et Montessori. Une organisation sociale inspirée de la permaculture, qui s’applique aussi, bien entendu, au jardin ! Grâce à la levée de fonds dans le cadre de l’appel à projet, l’école a pu avancer sur ses projets au jardin. C’est ce que Jeanne, du Fonds Éducations Plurielles, a pu observer en cet après-midi estival de juin 2022.
Un buzz électrique m’ouvre la porte d’une propriété composée d’une grande maison et d’un parc de belles dimensions. De grands arbres, dont un chêne centenaire, offrent leur ombre généreuse. Par les portes et les fenêtres ouvertes de la maison, et dehors, on entend et on voit les enfants et les adultes s’affairer, enthousiastes.
Nicolas, animateur des ateliers permaculture du jeudi après-midi, est à la manœuvre. Les enfants, de 7 à 14 ans, se regroupent autour de lui afin de s’organiser pour l’après-midi. Ici, ce sera repiquage des plants qui débordent des tables de la verrière (il y en a eu tant cette année que l’école en a proposé aux familles lors des portes ouvertes en échange de dons libres). Là, on fabrique des supports pour le futur tuteurage des concombres. Les mains plongent dans la terre, équipées de gants acquis grâce aux dons dans le cadre de l’appel à projet. « Attention à la courge à côté de toi ! » Le soleil de juin chauffe le dos des jeunes jardiniers sur la parcelle la plus exposée. A l’ombre de la maison, Gaëlle* récupère les vers de terre « pour qu’ils continuent à travailler pour nous » dans le lombricomposteur, avant de confier le compost aux jardiniers.
A l’ombre également, protégés par le mur ouest de la propriété, Jules* et Théo* rient et me montrent leurs doigts pleins de boue. Nicolas n’est pas content : « les gars, il y a beaucoup trop d’eau dans votre jardinière ! Et n’oubliez pas de laisser 30 centimètres entre les plans de salades ! »
Célia, membre de l’équipe pédagogique, m’explique quel a été ici le grand chantier de l’hiver : dégager l’espace le long du mur. Cela impliquait de dessoucher des arbustes (les familles ont récupéré les souches) afin de planter des arbres fruitiers. Les enfants ont fait des recherches afin de déterminer quels arbres fruitiers planter. Si les enfants rêvaient de bananes et de mangues, ils ont finalement opté pour des variétés plus autochtones telles que des pommiers, des poiriers, des pruniers et des cerisiers. Cassis et groseilles viennent former un étage intermédiaire. Certains arbres seront taillés en espalier l’année prochaine. Célia m’explique comment les enfants ont découvert que planter pruniers et cerisiers côte à côte favorise la pollinisation. L’achat de tous les plans a également été financé par la levée de fonds de l’an passée. Ainsi que nombre d’outils (râteaux, sécateurs, pinces, bêches, griffes …). Le projet de serre de forçage est toujours d’actualité même si l’achat n’est pas encore réalisé. « Nous y allons pas à pas pour bien faire les choses. Nous faisons des recherches, nous voyons ce qui fonctionne, avant de passer à l’étape suivante. »
Cette année, dans un carré de soleil un peu plus loin, une nouvelle parcelle a été défrichée. La composition du sol a été étudiée par les enfants. Du compost a été répandu. Anna* et Lou* “paillent” la parcelle à l’aide de feuilles mortes ramassées sous les arbres. A la manœuvre avec la brouette, une ancienne service civique qui revient régulièrement en tant que bénévole.
Dans le potager principal, on creuse, on repique, on arrose. « Arrose pas les feuilles sinon il va avoir une maladie ! » Non loin de l’hôtel à insectes, Nicolas me présente un miscanthus, ou “l’ami du jardinier permaculteur”. Il m’explique que ce faux roseau est un merveilleux abri à insectes et une réserve de paillage inépuisable. « Mais il est encore trop petit. Il faut veiller à l’arroser. C’est comme pour les petits humains ou les animaux, au début, ils ont besoin de soin. Ensuite, ils se débrouillent seuls ! » Nicolas, formé à la permaculture, se décrit comme passionné du vivant, qu’il s’agisse du corps humain – à la ville, il est osthéopathe – ou de la nature. Il rejoint un groupe d’enfants. Pédagogue, il propose : « veux-tu que je te montre à nouveau comment utiliser le râteau ? Tu caresses le sol, voilà, comme ça. »
Les formations en permaculture évoquées dans l’appel aux dons sont prévues pour l’année prochaine avec une association locale. Elles concerneront les éducateurs, mais aussi les parents.
A l’Ère Libre, l’après-midi se termine par le ménage. Partout, enfants et adultes s’activent. Une équipe est dédiée, comme chaque jour, à l’arrosage du jardin.
* Les prénoms ont été modifiés.