L’un des rôles que le Fonds Éducations Plurielles souhaite désormais plus souvent endosser est celui de facilitateur de rencontres et d’échanges entre porteurs et porteuses de projet. Le 20 janvier dernier, en réponse à une demande émanant de plusieurs écoles, le fonds a réuni les représentants de structures éducatives variées pour un échange en visioconférence sur le thème de la caisse de solidarité. De quoi s’agit-il ? Comment la mettre en place ? Comment obtenir des dons de manière régulière ? Des explications et conseils de Dominique, trésorier du Fonds Éducations Plurielles, aux questions et partages d’expérience des comptables et directrices d’école présents, voici, en substance, ce qui ressort de cette rencontre.
Parmi l’assemblée, certains sont rôdés à l’exercice de la caisse de solidarité, d’autres débutent. On en rappelle les principes.
Le Fonds Éducations Plurielles a longtemps été le seul à proposer ce dispositif unique.
Concrètement, il permet aux structures éducatives de mobiliser des mécènes afin qu’ils abondent par des dons, fléchés ou non, à une caisse. Les dons sont éligibles à la déduction fiscale (à hauteur de 66% pour les particuliers, 60% pour les entreprises). Ces dons peuvent être ponctuels ou réguliers. Il est notamment possible de mettre en place un don mensuel.
Les familles qui souhaitent inscrire leurs enfants dans une école privée mais dont les revenus ne permettent pas d’assumer seules les frais de scolarité ont alors la possibilité de soumettre chaque année un dossier de demande de bourse. L’école transmet ces dossiers au fonds qui les étudie et décide, selon des critères objectifs, de l’attribution des bourses aux familles.
A charge ensuite pour l’école d’adresser une facture au Fonds Éducations Plurielles correspondant aux frais d’écolage annuels couverts par la bourse accordée. Le fonds versera, pour le compte des parents, ce montant directement à l’école en paiement de la facture.
Dominique rappelle qu’il ne doit exister aucun lien entre donateurs et bénéficiaires des bourses. Ainsi, par exemple, des grands-parents ne peuvent absolument pas faire un don au bénéfice exprès de leur petit-enfant au risque de se mettre dans l’illégalité envers l’administration fiscale.
Une représentante d’école explique aller plus loin : elle refuse tout don de la famille d’un enfant qui souhaite demander une bourse. Ou, à l’inverse, tout donateur renonce au droit pour sa famille de solliciter une aide.
Rappelons en effet que ce dispositif est destiné à permettre à des enfants d’accéder à un type d’éducation qui leur convient et auquel ils ne peuvent avoir accès avec les seules ressources financières de leur famille.
Les années COVID ont vu une explosion des demandes d’aide de la part des familles, les accidents de la vie et les difficultés économiques se multipliant pendant cette période. Le fonds se félicite de l’impact concret de ce dispositif quant à la liberté de choix du mode d’éducation des familles.
Le trésorier du Fonds Éducations Plurielles annonce qu’en 2022, ce sont 82 enfants qui ont bénéficié d’une bourse grâce à la caisse de solidarité. Plus de 250 000 € ont été récoltés et un peu moins de 200 000 € ont déjà été reversés sous la forme de bourses.
Tout enfant dont les parents ou tuteurs légaux justifient de faibles revenus peut prétendre à une bourse couvrant ses frais de scolarité.
Il revient aux écoles de collecter les dossiers constitués par les parents. Concrètement, Dominique du Fonds Éducations Plurielles explique qu’il s’agit de demander aux familles de transmettre :
Les dossiers sont étudiés au cas par cas.
Florence, directrice d’une école proche de Nantes, est venue chercher de l’inspiration : « J’ai l’impression de harceler les parents en les sollicitant ainsi en permanence ! » Plusieurs autres participants à la rencontre acquiescent. Ève, d’une école en forêt, prend la parole, essoufflée, depuis un paysage enneigé à Chamonix : « Nous avons reçu des dons au départ mais ça s’épuise, comment relancer la collecte ? »
Dominique, trésorier du fonds, note que sur les seize écoles qui ont bénéficié du dispositif l’année passée, la moitié environ sont actives et reçoivent des dons régulièrement, dont une école particulièrement active qui est invitée à partager sa recette.
Pas de miracle en effet, mais une communauté de parents très investis et rodés à l’exercice de solliciter des dons auprès de leur entourage. « Nos familles sont super actives dans la recherche de donateurs ! » Fait notable, l’excellente performance de cette école tient plus aux dons de particuliers que d’entreprises. « Les parents sont responsabilisés. Je leur explique que le système économique de l’école et qui garantit son fonctionnement actuel (bourses et mixité sociale) repose sur la collecte de dons. Sans cela, le système perdurerait un, voire deux ans, pas plus ! »
Virginie, présidente du fonds, conseille en effet d’inviter les parents à créer une commission. Les échanges entre les représentants des écoles font ressortir qu’une commission dédiée à la communication autour du projet pédagogique de l’école, associée à l’investissement de tous les parents pour collecter des fonds, est une organisation efficace. « Tous les parents doivent se sentir concernés. »
Une entreprise est susceptible d’accorder un don plus généreux qu’un particulier. Loïc, trésorier d’une école en Eure et Loire, relaie les interrogations des parents quant à la démarche à entreprendre pour solliciter un tel don. Les réponses suivantes lui sont apportées :
Loïc rebondit et demande à la cantonade : « quelqu’un a-t-il déjà collecté auprès d’organisme comme le Lions Club ou le Rotary Club ? » Non, personne. « C’est une excellente idée ! »
Il peut être intéressant d’avoir à disposition des parents un support de présentation du projet pédagogique de l’école.
Dominique ajoute que, dans ce même support, expliquer la démarche de recherche de financement pour des bourses permet de montrer qu’une école proposant une pédagogie alternative se veut être une école ouverte à tous et poursuit un objectif affiché de mixité sociale. Les parents eux-mêmes doivent être sensibilisés à cet aspect : on le sait, la pérennité d’une école hors contrat tient au taux de remplissage de ses classes. Une école mutualise ses coûts. Si elle affiche complet, les coûts de fonctionnement sont répartis entre les élèves et les familles non boursières en sont donc indirectement bénéficiaires elles-aussi. Sans parler du bénéfice humain de la mixité sociale, il est donc également dans leur intérêt pécuniaire de participer à la collecte de fonds.
Le fonds réfléchit à créer un modèle de communication de base destiné à informer sur le fonctionnement de la caisse de solidarité et l’objectif de mixité sociale. Les écoles qui se lancent dans la collecte pour une caisse de solidarité pourront ainsi s’en saisir en guise de point de départ pour créer leur propre outil de communication.